Le sujet

La loi DADVSI réglemente l’accès aux cultures numériques dans le but de protéger le droit d’auteur.  

Son vote a provoqué de vifs et long débats dont ce film n’est qu’un modeste écho. 

Il montre le regard de dix citoyens venant des univers  politique, artistique, informatique, associatif et syndical qui évoquent les conséquences possibles d’une telle loi sur la « consommation » de l’art, les libertés du citoyen,  la cyber-surveillance,  la rémunération de l'artiste …

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Les interviews

Texte blanc sur fond noir 

Ce reportage a été tourné durant les semaines qui ont précédé le vote de la loi DADVSI en mars 2006 

puis plan montrant le plateau du jeu « Trivial Pursuit ». Générique en incrustation sur un dialogue off : 

"DADVSI la culture m’était comptée…"

 un film de Jean-Luc Forêt
sur une idée de Bastien Guerry

Sébastien - « Que s’est-il passé à Paris en décembre 2005 ?

A – le congrès des éleveurs de crocodiles albinos du Bas Congo 
B – la présentation du projet de loi DADVSI à l’Assemblée Nationale
C – la naissance du fils caché de Jacques Chirac et Amanda Lear »

Cédric - Facile !… c’est la loi DADADI, que t’as dit là, sur les droits d’auteur et internet !

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« D’abord, c’est un projet de loi : ce n’est pas une loi votée, il faut tout de même préciser les choses. L’enjeu de la loi est manifestement de tenter de contrer ce qu’on appelle le piratage dans le langage commun, la copie de morceaux sur les réseaux peer to peer »

Francois Dechelle, Creative Commons France

« DADVSI, c’est un durcissement de la loi sur les droits d’auteur et la propriété intellectuelle. C’est clairement une avancée dans le sens d’un contrôle plus fort, d’un contrôle institutionnalisé et protégé par la loi : l’instauration par exemple de la protection juridique des mesures de protection techniques »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs d'artistes

« C’est une loi qui légalise l’utilisation de ces mesures techniques de protection et qui pénalise leur contournement »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« C’est une loi qui vient de très loin et même de trop longtemps puisqu’elle repose sur son architecture sur des accords internationaux qui ont été signés il y a plus de 10 ans maintenant : c’est à dire à un moment où les échanges peer to peer émergeaient à peine, on ne les connaissait d’ailleurs pas en France »

Christophe Espern, initiative EUCD.Info

« En fait, ces traités viennent du fait qu’aux Etats Unis jusqu’en 1995, l’administration Clinton a voulu faire passer un texte qui est celui que l’on cherche à faire passer en France et s’est heurtée à une mobilisation de masse, notamment de chercheurs, d’enseignants, de bibliothécaires, de consommateurs qui ont dit que ce texte était liberticide. L’administration Clinton a reculé mais comme les majors hollywoodiennes voulaient à tout prix avoir leur joli texte, elles sont remontées jusqu’à l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle, ont fait rédiger un traité qui ensuite a donné obligation aux parlementaires américains qui venaient de jeter le texte de l’adopter »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« Ensuite il y a eu une directive européenne en 2001 qui a, d’une façon que je ne crois pas appropriée, tenté de traduire en Europe ces accords internationaux sur la propriété intellectuelle. Deux ans après, le précédent ministre de la Culture a déposé un projet de loi qui est le texte actuel ou plutôt celui dont nous avons eu à débattre en décembre 2005 »

Francois Dechelle, Creative Commons France

« DADVSI, c’est un peu une occasion manquée, c’est la transposition de la directive EUCD qui ouvrait un certain nombre de possibilités d’exceptions par exemple pour l’enseignement, pour la recherche, pour les bibliothèques. Toutes ces exceptions ont été ignorées dans la loi et c’est pour nous quelque chose d’extrêmement dommage »

Les joueurs de Trivial Pursuit

Cédric - Oui, enfin, quand je disais que c’était facile… C’était une façon de parler... « Qu’est ce que le peer to peer ?… Justement, on le citait tout à l’heure !

A – une méthode d’apprentissage de langue, pas pire qu’une autre ?
B – un gâteau à la poire (peer en anglais) en forme de poire ?
C – un moyen d’échange de données entre ordinateurs ? »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Je me rappelle très bien qu’à ce moment là, on annonçait comme un véritable fléau l’apparition des réseaux peer-to-peer. C’était une espèce de Napster à la différence qu’au lieu de se servir sur un serveur qui centralise toutes les données, les ordinateurs communiquaient individuellement entre eux. Ca devient alors beaucoup plus compliqué de tomber sur le dos de quelqu’un puisqu’il faudrait tomber sur le dos de millions d’utilisateurs simultanément »

Olivier Lemire, animateur de web-radio

« Le fait de télécharger plein de musiques m’a donné envie de découvrir encore d’autres musiques que je téléchargeais puis ensuite que j’achetais en disques. Alors je ne vais absolument pas tenter de faire croire à qui que ce soit que j’achetais en disque tout ce que je téléchargeais en musique. Loin de là. Mais il n’empêche que, sans internet, il y a des dizaines de genres musicaux différents que je n’aurais jamais découverts »

Lionel Thoumyre, spedidam, gestion des droits des interprètes

« Notre vision est particulièrement critique vis-à-vis de ce projet puisqu’il ne fait que transposer cette directive qui n’apporte aucune solution vis-à-vis du peer to peer et qui en plus menace gravement l’exception pour copie privée dont nous bénéficions tous en tant qu’individu, qui est en plus rémunératrice pour les artistes puisque nous percevons des fonds que nous redistribuons auprès de nos 55.000 ayants droit »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs  d'artistes

« Ce que la loi DADVSI n’a pas pour but de régler est la question de la rémunération des producteurs et des artistes »

Christophe Espern, initiative EUCD.Info

« On est allé rencontrer le ministre… on a voulu remettre la pétition au ministre de la culture la veille de l’examen du projet de loi, lors d’une conférence de presse qu’il organisait . Il a refusé de nous recevoir. On l’avait imprimée sur un rouleau de papier de 4 mètres 90 de long. Comme il a refusé de nous recevoir, on l’a déroulée devant le ministère de la culture. Quand tous les journalistes sont sortis, on a pu faire une conférence de presse parallèle. Donc, pourquoi organiser une conférence de presse quand on peut hijacker celle du ministère ? »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« C’est un débat complexe avec des intérêts très contradictoires au départ entre ceux des acteurs économiques de la filière musicale, les intérêts des consommateurs et les intérêts des artistes : comment trouver l’équilibre entre les droits ? C’est au fond le travail du législateur… Tout cela se prépare et cela n’a pas été fait. Au delà des objections de fond que l’on peut faire à ce projet de loi, je crois qu’il n’a pas été sérieusement préparé et cela explique la déroute parlementaire, sans précédent, qu’a connue le gouvernement en décembre 2005 »

Tristan Nitot, Président de Mozilla Europe

« Je crois que le ministre de la culture a été très surpris par la fraîcheur de la réception de son projet de loi par les consommateurs, les associations de consommateurs, les utilisateurs de logiciels libres, les internautes. Je ne pense pas qu’il s’attendait à un tel tir de barrage et à une telle réaction négative. Je pense qu’à cette occasion il a peut-être réalisé qu’il y avait des aspects de la loi qui n’avaient pas été pris en compte, des avis qui étaient ceux des français, ceux des citoyens, ceux des consommateurs de biens culturels et utilisateurs de logiciels. Il était encore temps de donner un coup de barre pour rétablir le projet de loi et l’emmener dans une bonne direction. C’est ce qu’on fait en ce moment et le déjeuner avec le ministre de ce point de vue là était prometteur : on sent qu’il est à l’écoute après avoir pris une direction qui, à mon sens, était inacceptable… probablement sans qu’il ne le sache »

Les joueurs de Trivial Pursuit

Cédric - « Que désignent les DRM ?

A – Des dés pipés pour jouer du pipeau
B – L’association des Dromadaires Russophones de Marrakech 
C – Un dispositif de gestion du doigt droit (digital right management) »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« DRM, c’est l’abréviation anglaise de Digital Rights Management… Il y a un spécialiste des DRM, une personne qui ne jure que par les DRM, une entreprise plus exactement : c’est Microsoft. Ils proposent les DRM à toutes personnes désireuses d’écouter leur discours. Bref, ces DRM sont des dispositifs de protection. Moi, je pense qu’il faudrait appeler ça des DCU, c’est à dire des dispositifs de contrôle d’usage. Et c’est là que ça devient extrêmement inquiétant. C’est à dire qu’à un fichier musical, on décide d’associer une petite pièce logicielle capable, en gros, de tenir au courant le distributeur de contenu de tout ce qu’on fait avec son morceau. C’est un programme espion qu’on joint au fichier musical »

Tristan Nitot, Président de Mozilla Europe

« Typiquement, pour Noël, j’ai offert à mon fils un lecteur de CD et puis un double-CD. C’était son premier lecteur de CD, c’était son premier double-CD. Le soir de Noël, on n’a pas pu les faire fonctionner ensemble parce qu’ils étaient protégés par du DRM. Outre le fait de voir mon fils pleurer le soir de Noël, ce qui est quand même extrêmement triste, je pense que c’est très mauvais pour l’industrie du disque d’avoir des premiers contacts comme celui-ci, de gâcher le plaisir de la découverte musicale »

Olivier Lemire, animateur de web-radio

« C’était quelqu’un qui avait acheté plusieurs centaines de morceaux sur des plates-formes de téléchargement légales et les DRM se synchronisent avec les caractéristiques matérielles de ton ordinateur. Ce monsieur a changé un composant qui est la carte mère : son squelette, et après son changement de carte mère, il ne peut plus utiliser les morceaux qu’il a achetés. C’est quand même embêtant, il les a payés et tout d’un coup Ah ben non, désolé, tu ne peux plus les écouter »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Ce qui veut dire un programme qui surveille les entrées et sorties de l’ordinateur. C’est exactement comme si quelqu’un rentrait dans votre domicile en disant Vous inquiétez pas, je touche à rien. Je viens simplement voir si le livre que vous avez acheté hier est utilisé selon l’usage que j’ai défini. C’est tout. J’ai la clé de votre maison mais ne vous inquiétez pas, je viens pas du tout pour cambrioler. C’est un petit peu ça qu’on propose avec au passage, le fait qu’on jette un petit coup d’œil à l’entour et qu’on va informer le copain qu’on a vu un autre type de livre, qu’on a vu également un lave-linge d’une certaine marque, ce qui permettrait à des compagnies de passer à l’offensive en disant Vous ne savez pas du tout ce que vous ratez… Tu vois un petit peu le schéma de potentiel de ce genre de chose »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs d'artistes

« Dans un premier temps les mesures techniques de protection étaient surtout des limites à la copie. Dans un deuxième temps, les mesures techniques de protection peuvent aussi servir à diversifier l’offre et la tarification »

Olivier Lemire, animateur de web-radio

« Les dispositifs de protection anti-copie, c’est quelque chose que je trouve fabuleux parce que 9 fois sur 10 en moins de 3 semaines, il y a quelqu’un qui trouve le moyen de les surmonter. Les premiers dispositifs anti-copie, il s’agissait de coller un morceau de scotch qui faisait la taille d’une rognure d’ongle et ça suffisait à enrayer le dispositif. Après, il y a toujours eu quelqu’un qui a passé une journée entière et a fini par trouver une solution »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs d'artistes

« Les DRM permettent aussi d’avoir des modèles – qui existent déjà aux Etats Unis et vont bientôt arriver en France – où l’internaute va s’abonner à un système de musique en ligne. Il pourra écouter tout ce qu’il veut d’ une façon illimitée avec accès à un répertoire très large. Il pourra même transférer ce répertoire sur un baladeur numérique sauf qu’il n’achète pas la musique : il la loue. Et s’il cesse de s’abonner, alors ses fichiers vont s’auto-détruire en quelque sorte »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Et là où ça devient assez hallucinant, je trouve, c’est qu’on a assorti ces dispositifs techniques d’un arsenal répressif absolument invraisemblable puisque l’optique initiale était de prévoir jusqu’à 3 années d’emprisonnement et 300.000 Euros d’amende pour quelqu’un qui tentait de contourner le dispositif de protection ou tout simplement de s’informer ou d’informer quelqu’un à propos des techniques mises en œuvre »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« Il y a donc 2 risques : le premier est que pour mettre en place ces sanctions même réduites, on soit obligé de faire une surveillance généralisée d’internet, quel que soit le montant de la sanction : que l’on ait à s’acquitter de 300.000 Euros ou de 38 Euros, il est évident qu’il faut mettre en place des dispositifs de contrôle, un peu comme les radars sur les routes sauf que là c’est à la porte de chaque ordinateur, c’est un risque pour les libertés bien sûr »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Personnellement, même en temps qu’auteur, je me suis trouvé farouchement opposé à l’usage de ces DRM. J’ajoute que ce type de dispositions existe déjà aux Etats Unis depuis quelques années, l’amendement DMCA, et qu’apparemment le piratage n’a pas baissé »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« Le second risque, c’est là que les artistes vont peut-être prendre conscience du sort que le gouvernement leur réserve, c’est qu’il n’y aura pas de rémunération nouvelle. Donc, légalisation de fait, pas de rémunération nouvelle : les artistes perdent le beurre et l’argent du beurre puisqu’on les prive, on prive la filière musicale de plusieurs centaines de millions d’euros qui viendraient conforter chacun, artistes et diffuseurs »

Francois Dechelle, Creative Commons France

« Il y a tout un pan de la publication sur internet qui n’est pas à visée commerciale, qui concerne l’enseignement, la recherche, les collectivités locales, les données publiques pour lesquelles les contrats Creative Commons sont tout à fait adaptés et pour qui des exceptions auraient pu clairement être indiquées dans la loi DADVSI : cette possibilité était offerte dans la directive européenne que la loi DADVSI transpose mais elles n’ont pas été retenues parce que, je pense, DADVSI est une loi qui a été préparée dans un esprit partisan, dans un esprit biaisé »

Tristan Nitot, Président de Mozilla Europe

« Disons que le législateur, quand il a préparé cette loi, s’est très probablement, même certainement tourné vers des grands acteurs du marché qui pouvaient l’aider. C’était les majors du disque, les éditeurs de logiciels propriétaires. »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs d'artistes

« Tous les membres de la filière musicale, tous les professionnels ont été consultés sur ce projet de loi. Il y a peut être eu un manque de concertation avec d’autres organisations mais en tout cas, on ne peut pas accuser le gouvernement de ne pas avoir fait preuve de concertation avec les professionnels, les artistes, les producteurs pour l’élaboration de ce projet de loi »

Tristan Nitot, Président de Mozilla Europe

« Chacun à sa manière a influencé le texte de loi pour qu’il lui soit favorable. On se retrouve aujourd’hui avec un texte de loi qui est très défavorable au logiciel libre, qui peut le freiner, voire l’arrêter, ce qui est un problème immense »

Francois Dechelle, Creative Commons France

« L’inspiration numérique, c’est la possibilité de copier et de modifier. C’est le même esprit que le logiciel libre. Ce qui crée la richesse du logiciel libre, c’est le fait que l’on puisse le modifier, le diffuser. L’esprit de Creative Commons est le même avec des possibilités modulables : quelqu’un qui ne veut pas donner cette liberté peut choisir un contrat dans lequel cette possibilité est réservée »

Melanie Dulong De Rosnay, Creative Commons France

« L’originalité des contrats de Creative Commons, c’est que les auteurs qui le souhaitent ont la possibilité grâce à cette boîte à outils juridique et technique d’offrir au public leur création gratuitement pour certaines utilisations et de réserver d’autres types d’utilisation : par exemple l’exploitation commerciale ou la création d’œuvres dérivées ou le degré de liberté au sens du logiciel libre : le concept du copyleft »

Les joueurs de Trivial Pursuit

Sébastien - « Sous quel sigle est connue la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique ?

A – la SACEM
B – la SNCF
C – TF1 »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« La SACEM est la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. C’est donc un organisme de gestion collective de droits, c’est l’organisme par excellence qui défend tout simplement les intérêts des auteurs d’une manière générale et qui redistribue les droits d’auteur qui ont été collectés, les droits d’exécution, les droits de reproduction mécanique »

Lionel Thoumyre, spedidam, gestion des droits des interprètes

« Il faut savoir que depuis que le droit d’auteur existe, les sociétés de gestion collective existent : la Sacem en premier lieu, la SACD pour les auteurs d’art dramatique. Ces sociétés de gestion collective sont le seul moyen de permettre aux auteurs compositeurs d’être rémunérés, au début, parce que dès lors que vous avez des diffusions dans des lieux publics, en tant qu’auteur vous ne pouvez pas contrôler ces diffusions là mais vous souhaitez avoir une rémunération »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Donc la position de la SACEM, en tout cas au départ, était de réclamer l’usage des DRM. Elle s’est dit Nous allons enfin pouvoir protéger les auteurs contre le piratage. Il faut savoir que cette position était loin d’être partagée par tous les organismes de gestion collective des droits parce que la SACEM n’est pas le seul : il y a aussi la SPEDIDAM entre autres, qui défendent les intérêts des artistes interprètes dont les positions sont visiblement tout à fait opposées à celles de la SACEM »

« J’ai le sentiment que les artistes ne se sentent pas beaucoup concernés. Moi en discutant avec eux, j’ai eu l’occasion de le constater Voilà, il faudrait qu’on se voie. Ca te dit pas de discuter de ce problème de la loi DADVSI parce qu’il est en train de se passer des choses qui sont très inquiétantes. J’aimerais bien que les sociétaires de la SACEM se mettent ensemble pour proposer par exemple des revendications précises… J’ai eu l’impression que ça rentrait par une oreille et que ça ressortait par l’autre »

Matthew Yanchyshyn, auteur d’un audioblog (site musical)

« Même si mettre des MP3 gratuits sur le web est illégal, c’est quelque chose qui peut être toléré par les labels : parce qu’ils voient que c’est bien, que c’est quelque chose pour aider les musiciens et aider l’industrie aussi. C’est peut être l’avenir pour eux d’utiliser ce format de l’audioblog pour vendre des albums et pour mieux connaître les artistes »

« Par exemple, il y a un artiste à Dakar : il m’envoie un mail en disant Merci pour mettre mon morceau sur ton site. Je l’ai rappelé et on a pris le thé ensemble le lendemain. Il était là : Bon écoute, je vais pas dire ça à mon label parce que je suis sûr qu’ils ne seront pas tout à fait d’accord mais moi personnellement, je suis content parce que même s’il n’y a que 10 ventes qui se feront aux Etats Unis, moi, je suis content d’avoir eu ces nouveaux auditeurs. La réaction des artistes, en général était, je crois, assez positive »

Les joueurs de Trivial Pursuit

Cédric - « Qui a dit Un problème sans solution, c’est comme un général mexicain sans sa moustache : ça n’existe pas… ou alors, c’est qu’il y a un problème ?

A – Michel Audiard
B – Pancho Villa
C – Aristophane

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« Aujourd’hui, ce qui manque à cette loi, c’est qu’elle veut au fond organiser le verrouillage sans par ailleurs prévoir de rémunération nouvelle. Nous considérons à l’inverse qu’aujourd’hui les temps sont venus pour que l’internet finance la culture. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que les internautes sont prêts moyennant participation mensuelle à acquitter quelques euros par mois qui permettent de rémunérer les artistes et les acteurs de la chaîne culturelle »

Olivier Lemire, animateur de web-radio

« D’une part, il faut précisément savoir ce qui est téléchargé par les gens et il faut donc surveiller ce que tout le monde télécharge : ça fait énormément de gens à surveiller. Je ne sais pas si les gens qui ont tenté de promouvoir cette licence globale ont vraiment réfléchi à ça mais c’est une quantité de données absolument terrifiante à surveiller et à analyser. Parce que, enregistrer du trafic on sait faire, mais analyser ce trafic, c’est un autre problème »

Christian Paul, Député du Parti Socialiste

« La question est : si on regarde devant, si on veut faire un projet qui a un avenir, de savoir comment on peut assurer aux artistes et à tous les intermédiaires légitimes qui apportent véritablement un service, une rémunération nouvelle. Et pour ça, c’est vrai que la licence globale, c’est-à-dire un prélèvement sur l’accès à l’internet auprès des internautes paraît une solution. Ca n’est pas la seule. Elle pose des problèmes que nous devons résoudre par le débat et par la négociation, notamment sur la répartition de ces sommes »

Lionel Thoumyre, spedidam, gestion des droits des interprètes

« En défendant la licence globale, on défend la copie privée, on défend la liberté individuelle des internautes pour les échanges entre individus dans le secteur uniquement non commercial… C’est pour les artistes une rémunération supplémentaire à celle qu’il touche déjà sur la vente de disques, sur les entrées en salle de concert et sur un tas d’autres produits dérivés »

Olivier Lemire, animateur de web-radio

« C’est une idée qui est pour moi très utopique et qui est surtout complètement irréalisable »

Sabine Le Stum, upfi, syndicat de producteurs d'artistes

« Nous, on est chagriné par toute la démagogie qu’on a entendue au sujet de la licence globale, on est chagriné d’entendre qu’on pourrait se payer toute la musique du monde, d’hier, d’aujourd’hui, de demain pour 4 euros par mois. Parce qu’économiquement, c‘est aberrant et c’est en plus profondément injuste »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Ca fait déjà quelques années que les radios et les télés demandent une révision de la manière dont elles redistribuent les droits d’auteur. Un argument qui existe chez les grandes radios nationales est que si quelqu’un les paie pour faire passer une publicité sur les ondes, pourquoi devrait-elles payer pour faire passer un disque de musique ? C’est un exemple. Et ils reviennent très régulièrement à la charge avec de plus en plus d’insistance. Je pense que l’idée de la licence globale donnerait une occasion fantastique aux télés et radios pour exiger l’abandon du paiement des droits d’auteur dont elles s’acquittent annuellement. Ca, c’est une catastrophe pour tous les auteurs et tous les gens qui dépendent de la filière ! »

Lionel Thoumyre, spedidam, gestion des droits des interprètes

« Nous avons une pétition qui a été signée par 13.500 artistes, exactement, qui sont pour cette licence globale »

Tristan Nitot, Président de Mozilla Europe

« Franchement, je ne sais pas si c’est la solution miracle au problème qui se présente. Néanmoins, il faut bien voir qu’aujourd’hui, la numérisation des œuvres, de la musique, des films et puis le fait qu’internet soit présent à peu près partout permet de dupliquer à l’infini une œuvre et ça, c’est complètement nouveau. Avant, on vendait des livres et ça permettait de rémunérer l’artiste. Le fait que cela coûte plus cher de photocopier un livre que de l’acheter neuf a maintenu ce mode de fonctionnement. Aujourd’hui, avec internet, la numérisation et la diffusion illimitée et gratuite des œuvres, ça change complètement les règles du jeu. A ce titre-là, je ne pense pas que ce soit en appliquant des vieilles recettes qui sont forcément rassurantes et qui vont plaire aux acteurs en place, je crois au contraire que c’est en inventant des modèles radicalement nouveaux et peut-être que cette licence globale est un des éléments nouveaux »

Michael Goldberg, auteur-compositeur

« Quand une radio exige en sous-main de participer à la vente d’un disque, d’avoir un pourcentage sur les ventes d’un disque pour le passer sur les ondes… On voit par exemple que sur une semaine de temps, on peut trouver ainsi un titre qui est joué 188 fois, ce que je tiens d’une personne bien placée, quand elle exige une rémunération sur la vente du disque parce qu’autrement, elle serait obligée de payer des droits d’auteur à fonds perdus, il est clair que ça biaise littéralement l’industrie culturelle » 

« Je trouve qu’il y a un problème qu’on n’a jamais véritablement abordé et qu’on ferait bien d’aborder. Il faudrait littéralement prendre le taureau par les cornes. C’est le problème de la disparition de la diversité culturelle qui n’a pas besoin de DRM pour ça, qui n’a pas besoin de licence globale pour se faire progressivement »

Générique (images tournées dans l’hémicycle de l’assemblée nationale)

Merci à 

Alexandre Berjonneau
Bastien Guerry
Cédric Lambert
Christian Paul
Christophe Espern
François Déchelle
Laurent Vuibert
Lionel Thoumyre
Matthew Yanchyshyn
Mélanie Dulong de Rosnay
Michael Goldberg
Olivier Lemire
Sabine Le Stum
Tristan Nitot

Interviews

Bertrand Buttet
Sébastien Descotes
Sophie Kuno

Chanson 

Sam

Réalisation 

Jean-Luc Forêt

Production

Tutti Frutti 

Ce film et la chanson de générique sont des œuvres libres de droits sous licence Creative Commons.

Zeu Heinde

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